Écocamionnage est de retour

Le programme écocamionnage est doté d’une enveloppe de 145,4 M$ pour 2025 à 2028. Son financement provient principalement des revenus générés par le marché du carbone.

Il est important de noter que les subventions à l’achat de véhicules électriques commerciaux du programme Écocamionnage s’additionnent toujours au programme fédéral iVMLZE, bonifiant ainsi l’appui financier disponible pour les entreprises.

Cette annonce arrive à un moment stratégique : elle coïncide avec la révision des cibles de réduction des émissions de GES du Québec. Plusieurs organisations impliquées dans l’électrification des transports ont d’ailleurs salué ce retour en audition publique.

Le retour du programme Écocamionnage permet d’espérer l’inclusion à venir des véhicules lourds dans la norme VZE québécoise, qui obligera les constructeurs de véhicules à augmenter les parts de marché des modèles rechargeables.

Un programme revu et corrigé

Le programme Écocamionnage avait été suspendu le 6 septembre 2024, en raison de l’épuisement de son enveloppe budgétaire. La nouvelle mouture 2025 introduit un meilleur équilibrage des incitatifs, recentré sur les véhicules lourds et les besoins de l’industrie.

Les principales différences sont les suivantes :

Un soulagement attendu par l’industrie

La suspension de 2024 avait causé des perturbations chez les concessionnaires et les entreprises. Plusieurs véhicules électriques déjà vendus ne pouvaient plus être livrés faute de subventions confirmées.

Le retour du programme permet donc à tout l’écosystème – concessionnaires, transporteurs, opérateurs logistiques et fournisseurs de solutions de recharge – de reprendre son élan. Depuis 2021, Écocamionnage avait déjà soutenu 3 700 projets, totalisant 105,3 M$ d’aides financières destinées à l’électrification et à l’efficacité énergétique.

En attente de cibles de vente dans la norme VZE québécoise

Pour que l’électrification du transport lourd se concrétise, il manque maintenant un signal fort adressé à l’industrie : l’inclusion de cibles de parts de marché et l’obligation d’offrir un nombre croissant de véhicules.

Selon le site internet du ministère de l’environnement, la nouvelle réglementation est en cours de développement. Les changements à la loi qui permettent l’inclusion du transport lourd dans la norme VZE québécoise ont été sanctionnés le 28 mai 2025 (projet de loi 81), après de multiples consultations particulières de l’industrie et des défenseurs de l’environnement et de l’électrification des transports.

Il est prévu que les constructeurs qui vendent en moyenne plus de 50 véhicules automobiles lourds neufs seront assujettis. La possibilité d’accumuler et d’échanger des «crédits», et l’inclusion des véhicules électriques d’occasion permettront à l’industrie d’avoir plus de flexibilité dans leur mise en marché de véhicules électriques.

L’industrie reste réfractaire à tout type de réglementation des ventes, comme ils le sont pour les véhicules légers. Les arguments sont toujours les mêmes : Le réseau de recharge est insuffisant, et les acheteurs ne sont pas au rendez-vous. Mais force est de constater que la situation évolue très vite…

Hydro-Québec / Circuit électrique est en train de déployer le premier réseau québécois de bornes de recharge public pour véhicules électriques lourds et mi-lourds. Le réseau comprendra dès 2026 des chargeurs de 1,4 MW (1400 kW) !

Du côté de la rentabilité, le programme d’essais en conditions réelles Flotte rechargeable de IVI a fait la démonstration, par des transporteurs québécois, que l’électrification des camions lourds au Québec est non seulement possible, mais aussi économiquement avantageuse dans plusieurs applications.

Viser la décarbonation de nos transports

Rappelons que le transport routier représente 32 % des émissions totales du Québec, dont le tiers provient des véhicules lourds (et le reste de nos véhicules automobiles). C’est le plus gros poste d’émissions de GES de la province.

Au Canada, le transport routier est le 2e plus gros secteur polluant après l’industrie pétrolière. Cela représente 17,6 % des émissions de GES du pays, dont encore le tiers provient des véhicules lourds. On émet sur les routes canadiennes à peu près la même quantité de GES que les opérations d’extraction et de raffinage du pétrole et du gaz !

En d’autres mots, au Québec comme au Canada, la lutte aux changements climatiques passe nécessairement par la décarbonation des transports, nos transports personnels, tout comme le transport lourd commercial. Nous sommes essentiellement devant deux choix : diminuer le nombre de véhicules sur nos routes ou les électrifier.

Dans tous les cas, il faut sortir de notre dépendance aux combustibles fossiles coûte que coûte. Et le programme Écocamionnage fait partie de la solution.